
Montolieu. Photo Franc Bardou.
Sur les pas des cathares à Montolieu.
Une nouvelle rando-découverte organisée par l’Association Patrimoines, vallées des Cabardès et l’Association d’Etudes du Catharisme / René Nelli, samedi 04 avril 2015.
en compagnie de Franc BARDOU, Jean-Claude CAPERA et Charles PEYTAVIE.
Rendez-vous à partir de 13 h 30, sur le parking (155 m), chemin de la chapelle St Roch, (en arrivant à Montolieu, après la maison de retraite Saint Vincent de Paul, ancien couvent, à droite). Rando-découverte facile d’environ 3 h sous l’entière responsabilité de chacun des participants, chaussures de marche conseillées.
Des épisodes méconnus de la résistance à la Croisade

Montolieu. Eglise Saint-André, détail. Photo Franc Bardou.
Bien que siège de l’une des plus importants et des plus anciens monastères bénédictins de la Montagne Noire (Saint-Jean de Valsiguier attesté dès le début du IXe siècle), le village fortifié de Montolieu fut, au cours des XIIe et XIIIe siècles, une plaque tournante de l’activité des Bons hommes en Cabardès et en Carcassès. Plusieurs d’entre eux résident dans le village ou y sont reçus régulièrement par la noblesse locale, en particulier la bonne société féminine du lieu. En août 1209, quelques jours après la prise de Carcassonne, l’abbaye de Montolieu est attaquée, pillée et brûlée par les hommes du Cabardès, partisans du vicomte Raymond-Roger Trencavel. Les moines bénédictins et leur prieur Isarn d’Aragon sont contraints de fuir vers la Cité où ils trouvent refuge auprès des croisés. Cet épisode va fortement marquer l’avenir de la communauté villageoise et ses relations avec le monastère à l’époque de la Croisade (entre 1209 et 1229) et dans les années qui vont suivre au cours desquelles s’installent à Carcassonne et l’autorité royale et l’Inquisition.
Une présence active des hérétiques au plus fort de la Croisade

Sceau de la communauté de Montolieu, 1303.
En 1220, les moines vont obtenir d’Amaury de Montfort tout pouvoir seigneurial sur les habitants de Montolieu. Mais au même moment, le Cabardès devient, avec Limoux en Razès, l’un des grands pôles de résistance à la Croisade. C’est la période connue sous le nom de « guerre de Limoux et de Cabaret ». Les prédicateurs cathares sont de retour à Montolieu et prêchent à nouveau devant la noblesse locale. Cette adhésion de la communauté aux forces qui s’opposent aux croisés provoquera le démantèlement des fortifications du castrum rebelle. L’intégration du Cabardès dans le domaine royal capétien à partir de 1229 ne freine pas l’activité des Bons hommes à Montolieu et ses environs. Même l’effort des moines de se rapprocher de la population en lui concédant des libertés et franchises n’y fera rien. Les habitants de Montolieu semblent vouloir rester fidèles à la lignée des Trencavel.
Une population rebelle face au roi de France et à l’Eglise

L’église paroissiale Saint-André de Montolieu, chef d’oeuvre de l’art gothique méridional et instrument de la reconquête spirituelle de la population à la fin du XIIIe siècle. Photo Franc Bardou.
Conséquence, en août 1240, la population de Montolieu se rallie à Raymond Trencavel. Lors du passage du vicomte et ses faydits, le monastère subit à nouveau de nombreux dégâts. Les bâtiments monastiques sont envahis. L’échec de la prise de Carcassonne engendre des représailles : Jean de Baumont marche avec les troupes capétiennes vers Montolieu; il assiège la localité, s’en rend maître et la rase de fond en comble. Les libertés villageoises sont abolies par les moines avant d’être renégociées, la population est soumise à de fortes amendes. Consécutivement, l’Inquisition débute la traque des hérétiques en Cabardès et cherche à connaître les réseaux d’entraide présents dans le village. Certains hérétiques seront emmurés à Montolieu même. Quant aux moines, outre le fait qu’ils vont considérablement enrichir le patrimoine de leur abbaye avec les biens confisqués aux faydits de la région, ils vont devoir entreprendre dans seconde moitié du XIIIe siècle la reconquête spirituelle des habitants de Montolieu. Cela se concrétisera par la reconstruction de l’église paroissiale au centre du nouveau village, l’église Saint-André, aujourd’hui considérée comme un chef d’oeuvre de l’art gothique méridional.
Au cours de la visite, l’historien médiéviste Charles Peytavie reviendra en détails sur tous ces épisodes méconnus de l’histoire de la communauté de Montolieu; Franc Bardou évoquera l’art des troubadours contemporains de cette histoire et Jean-Claude Capéra nous proposera une approche paysagère et géologique des lieux parcourus (il nous parlera tout spécialement du calcaire de Montolieu). La rando comprend la visite de l’église Saint-André.

Montolieu depuis la croix de Saint-Roch. Une étape de notre rando-découverte. Photo Jean-Claude Capéra.