Conférence sur la violence en Toulousain à la fin du Moyen Age au Musée Archéologique de Bram, le samedi 28 avril 2012 à 15 h 30.

19 avril 2012

Marie-Claude MARANDET, professeur d’Histoire du Moyen Age à l’Université de Perpignan Via Domitia et membre du Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés Méditerranéennes donnera à Bram, le samedi 28 avril 2012 à 15 h 30, salle du Musée Archéologique Eburomagus, 2 av. du Razès, une conférence :

La violence en Toulousain, à la fin du Moyen Age

La violence est aujourd’hui particulièrement médiatisée ; la presse et surtout les journaux télévisés utilisent abondamment les faits-divers dramatiques liés à celle-ci. Pourtant, si l’on se réfère aux travaux de Robert Muchembled, les violences graves (homicides) n’ont cessé de décroître, essentiellement par auto contrôle des pulsions agressives et désarmement généralisé des populations. Notre civilisation, dit-il, est globalement apaisée, contrairement aux idées actuelles. En 2009, en France, le taux d’homicides volontaires était de 1,78 pour 100 000 habitants contre 10 pour 100 000 entre 1600 et 1650. Qu’en était-il au Moyen Âge ?
Pour approcher ce phénomène en Lauragais, les sources sont assez nombreuses. En effet, les consuls, dans de nombreuses localités, exercent la justice criminelle ; elle leur a été concédée par le comte de Toulouse puis par son héritier le roi de France. Les diverses coutumes définissent leur domaine d’intervention : atteintes aux biens, délits économiques, violences et atteintes aux moeurs, les divers délits sont détaillés ainsi que les peines qu’ils entraînent.
Les coutumes évoquent une violence, celle que la population, peut-être, redoute, celle, en tout cas, que les autorités veulent supprimer ou au moins réduire. J’ai voulu confronter celle-ci avec la violence réelle qui peut être approchée, avec les précautions d’usage, par les lettres de rémission (grâce accordée par le roi suite à un délit), les registres d’informations (dépositions des témoins à l’instruction) et les registres d’enquêtes (dépositions faites à l’audience) devant les cours criminelles. Il en subsiste plusieurs, des années 1356-1408, pour Castelnaudary, et des années 1333-1397, pour Mireval. Qu’y trouve-t-on ? La délinquance réelle est-elle celle évoquée par les coutumes ?


Fenouillet. Un village fortifié, lieu de refuge du catharisme.

20 octobre 2011

Le château Saint-Pierre de Fenouillet. © Franc Bardou.

La Maison de l’Archéologie de Bram propose le samedi 22 octobre 2011, à 16 heures, salle de l’Archéologie, 2 avenue du Razès, à Bram,  une conférence de David Maso, archéologue, directeur des fouilles sur le site de Fenouillet :

Le château de Fenouillet. Sept ans d’études et de travaux. 

Situé au nord-ouest des Pyrénées-Orientales, à la frontière du département de l’Aude, le château de Fenouillet est l’objet depuis 1994 d’un important programme d’étude et de mise en valeur. Les fouilles ont mis en évidence un site au fort potentiel dont l’origine remonte au début de la période carolingienne. Le château, siège vicomtal, se structure et se développe jusqu’à son démantèlement au début du XIVe siècle. A la différence de Peyreprtuse ou de Quéribus, Fenouillet n’a pas été rebâti par le pouvoir royal capétien lors de la fortification de la frontière issue du traité de Corbeil (1258). Son étude archéologique a donc permis de mettre en évidence une stratigraphie exceptionnellement conservée, s’étageant sur plus de six siècles témoignant de la naissance, de l’évolution et de la fin d’un centre de pouvoir seigneurial.

Un lieu de refuge pour les cathares traqués par l’Inquisition.

A partir des années 1240, Fenouillet est un lieu de refuge pour les membres du clergé cathare du Razès. Le sergent Imbert de Salles déclarera devant l’inquisiteur Ferrier après la chute du pog de Montségur :  » j’ai vu à Fenouillet, dans la maison de Bernard du Vivier, les parfaites Marquèse et Prima; il y avait là Caranac, un cordonnier boiteux dont j’ignore le nom, et Raymond Marti, de Fenouillet » . Bernard du Vivier et son frère Arnaud sont signalés à plusieurs reprises à Montségur. Il semble donc qu’à l’instar des châteaux contrôlés par les Niort en Pays de Sault, Fenouillet soit en liaison constante avec le pog jusqu’à sa chute en mars 1244. Vers 1245, une dénommée Saurine Rigaud fait donner le consolament à son fils mourant par les diacres Arnaud Desglat et son socius Arnaud d’Auvezines.

Fenouillet. © Franc Bardou.

Pierre de Fenouillet, faydit et condamné post mortem pour hérésie

Maître du château de Fenouillet  et du Fenouillèdes en 1209, le vicomte Peire ou Pierre de Fenouillet se montre hostile aux croisés qui ne tentent pourtant pas pendant vingt ans de le déloger. Mais le 1er juin 1229, Pierre abandonne à Nunó Sanç, seigneur des comtés de Roussillon et de Cerdagne, le château de Fenouillet et l’intégralité de sa vicomté. Nunó Sanç a alors prêté serment au roi de France Louis VIII. Il se montrera toutefois incapable d’imposer son autorité sur le Fenouillèdes qui continue à accueillir bon nombre de chevaliers rebelles au roi de France et favorables aux Bons hommes au moins jusqu’en 1242, année de la mort de Nunó Sanç. Profitant de l’affaiblissement du pouvoir du comte de Cerdagne, Pierre de Fenouillet a alors repris le contrôle de Fenouillet et de sa vicomté qu’il reconnaît cette année-là tenir  du vicomte de Narbonne Amalric Ier. Pierre finira ses jours sous l’habit de templier à l’abri des murs de la commanderie du Mas Deu vers la fin de l’année 1243, confiant sa vicomté au chevalier faydit Chabert de Barbaira. Or, Si l’on en croit les témoignages recueillis quelques années plus tard en 1261-1262 par l’inquisiteur Pons du Pouget, avant de mourir, Pierre de Fenouillet aurait reçu au sein de la commanderie la visite de deux Bons hommes venus lui administrer le consalement. Se fondant sur plusieurs témoignages, l’inquisiteur de Carcassonne prononce alors contre lui  une sentence posthume d’excommunication. Pierre de Fenouillet est condamné comme hérétique. Ses os sont exhumés et brûlés. En 1258, son ancien château de Fenouillet intègre définitivement le domaine royal capétien.