8e journée René Nelli au château de Bouisse : samedi 25 juin 2016. A la croisée de la poésie et de la philosophie nellienne, deux œuvres majeures inspirées par le catharisme : Le Suaire de Barrabas ou le Mystère de Senlis (1976) et l’Oda a Montsegur (1977). Avec Charles Peytavie, Franc Bardou Gérard Zuchetto et le Troubadours Art Ensemble, la Compagnie Fées et Gestes (Esther Candaës, Jean-Louis Manceau).

29 mai 2016

Bouisse by Bardou

L’AEC / René Nelli, l’Association des Amis du château de Bouisse et la commune de Bouisse vous accueillent à Bouisse dans les Corbières à l’occasion de la 8e Journée René Nelli:

A la croisée de la poésie et de la philosophie nellienne,
deux œuvres majeures inspirées par le catharisme :
Bouisse 2
Le Suaire de Barrabas ou le Mystère de Senlis (1976) et l’Oda a Montsegur (1977).

Avec Charles Peytavie, Franc Bardou
Gérard Zuchetto et le Troubadours Art Ensemble, la Compagnie Fées et Gestes  (Esther Candaës, Jean-Louis Manceau)

Avec deux créations artistiques originales:

-le concert de Gérard Zuchetto et du Troubadours Art Ensemble à partir de l’Oda a Montsegur

-la lecture théâtralisée du poème scénique inédit Le Suaire de Barrabas par la Compagnie Fées et Gestes.

Le programme et le bulletin d’inscription à la journée et au repas de midi est téléchargeable ici:

8e Journée René Nelli Bouisse Samedi 25 juin

Voici le programme de la journée :

9 h 30 : Rendez-vous à la mairie de Bouisse.
Accueil par Annie Lambert, présidente de l’AEC / René Nelli, par Philippe Ramon, président des Amis du château de Bouisse, par Francis Baron, maire de Bouisse, par Hervé Baro vice-président du conseil départemental de l’Aude et par Michel Maïque, président de la Communauté de communes Région Lézignanaise, Corbières et Minervois
Café et viennoiseries.
10 h : Montée au château de Bouisse.
Conférences et lectures autour du poème scénique Le Suaire de Barrabas ou le Mystère de Senlis.

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Franc Bardou, Charles Peytavie et Jacques Charpentier à Bouisse en 2011.

10 h 15 : Le Suaire de Barrabas ou le Mystère de Senlis. L’opéra inachevé de René Nelli et Jacques Charpentier, une oeuvre inspirée par le catharisme et l’histoire du saint suaire de Carcassonne. Evocation proposée par Charles Peytavie, historien spécialiste du catharisme.
Le suaire de Barrabas ou le mystère de Senlis est un poème scénique inédit écrit par René Nelli en 1976 pour son ami le compositeur Jacques Charpentier afin de servir de livret à un nouvel opéra en français, second volet d’une « pentalogie » que les deux amis voulaient consacrer à l’hérésie et aux dissidences. Après avoir coécrit Beatris de Planissolas, premier opéra conçu en langue d’oc créé au Festival d’Aix-en-Provence le 22 juillet 1971 mettant en scène la confrontation de la châtelaine de Montaillou avec l’inquisiteur Jacques Fournié, leur nouvelle collaboration s’inspirait de l’existence réelle d’un saint suaire du Christ, conservé au Moyen Age dans le couvent des Augustins de Carcassonne et réputé faire de nombreux miracles. Nous reviendrons sur l’histoire de cette relique (un tissu de soie daté de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle) toujours conservée à Carcassonne. Nous verrons comment elle a inspiré les deux auteurs dans cette nouvelle aventure cathare musicale restée pour l’instant inachevée.

René Nelli et Jacques Charpentier dans les ruines du château de Montaillou.

René Nelli et Jacques Charpentier dans les ruines du château de Montaillou.

11 h : Lecture du début de l’acte I du livret du Suaire de Barrabas par la Compagnie Fées et Gestes (Esther Candaës et Jean-Louis Manceau)

Senlis au Moyen Age, un été de grande sécheresse. La cité est touchée par la peste et les morts hantent les vivants. La nuit tombée, les trépassés envahissent les rues et font régner la terreur. Au palais, la reine et son entourage (un médecin, un astrologue et l’évêque de la ville) s’interrogent : cette armée de revenants est-elle celle du Diable ? Quelle est la cause profonde du mal qui les touche ? Et surtout pourquoi Dieu reste-il sourd à leurs prières ? Ne faudrait-il pas mieux s’adresser directement au Diable ? Et s’il existait pourtant un moyen sûr de vaincre la mort ? Un suaire du Christ conservé à Carcassonne serait, dit-on, capable de sauver la reine et ses sujets. Mais le recours à la relique ne fait pas l’unanimité. Un parfait conteste sa véracité. Pour lui, ce suaire n’a aucune valeur. Ce ne serait qu’un lambeau du manteau de Barrabas…

Franc Bardou et Gérard Zuchetto. Bouisse 2015.

Franc Bardou et Gérard Zuchetto. Bouisse 2015.

11 h 15 : Un suaire poétique au carrefour des conceptions du monde, de l’humain et du divin. Conférence par Franc Bardou, écrivain, poète et essayiste, spécialiste de l’œuvre de René Nelli.
Confrontant des voies spirituelles fort distinctes et parfois même antagonistes, l’œuvre inédite de Nelli, Le suaire de Barrabas, mérite un examen attentif, car si, comme l’indique ailleurs son auteur « la poésie enveloppe ce que la philosophie développe », c’est avec une habileté allusive et une force imaginale rares que Nelli est parvenu, dans ce long poème scénique, à visualiser des conceptions du monde, de la place de l’humain et du divin qui luttaient entre elles au Moyen-Âge, pour les exposer les unes aux autres sans jamais pouvoir en exclure complètement aucune au-devant de la Raison, face à l’Invérifiable et à l’Indicible. Et si le Divin, chez Nelli, s’enchâssait davantage dans cette éternelle confrontation, au cœur de l’Indécidable, plutôt que dans telle ou telle voie spirituelle ?

12 h 30 : Lecture de la fin du livret de l’acte I du Suaire de Barrabas par la Compagnie Fées et Gestes (Esther Candaës et Jean-Louis Manceau)

12 h 45 : Repas, salle communale de Bouisse.

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Jean Louis Manceau et Esther Candaës à Bouisse en 2013. Lecture théâtralisée de Beatris de Planissolas de René Nelli.

15 h 00 :
Création originale
Lecture théâtralisée par la Compagnie Fées et Gestes de l’acte II du Suaire de Barrabas.
Mise en espace sur la terrasse du château
Avec Esther Candaës et Jean-Louis Manceau et la participation de Thierry Bergerot, Livia Bergerot et Philippe Ramon.
15 h 30 – 17 h :
Création originale
Concert : ODA A MONTSEGUR. ORATÒRI.
René Nelli – Gérard Zuchetto
Cour du château de Bouisse
Avec Gérard Zuchetto, chant, compositions, Damien Combes, guitares, Patrice Villaumé, vielle à roue ténor et tympanon, Gildas Becquet, contrebasse, Thierry Gomar, vibraphone et percussions, Abdalatef Bouzbiba, violon, rebec et gembri, Uranus sounds et Franc Bardou pour la présentation du texte de René Nelli.

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Gérard Zuchetto à Bouisse en 2015.

Le grand poète, philosophe et historien du catharisme, René Nelli nous a légué une œuvre majeure avec son Oda a Montsegur (1977). Ecrit en vers, ce récit est une ode à la liberté à travers l’évocation du Château de Montségur, des hérétiques cathares et de « l’âme occitane ». C’est une œuvre surtemporelle qui traduit le tempérament bouillonnant de cet « occitaniste » de la première heure.
En juin 2015, Gérard Zuchetto et ses amis musiciens nous ont présenté en avant-première à Bouisse une ébauche de cet oratorio contemplatif sur les mots et les sons nelliens de l’Ode à Montségur.
Ils reviennent aujourd’hui avec la version scénique définitive de cette œuvre vertigineuse qui fait aussi l’objet d’une sortie en CD et d’une série de concerts dans toute la région. La présentation de cet oratorio s’inscrit également dans le cadre du 11e Festival Les Troubadours chantent l’art roman, organisé à l’initiative de la Région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées et de Trob’Art Production.

château de Bouisse extérieur by Bardou

Le programme et le bulletin d’inscription à la journée et au repas de midi est téléchargeable ici:

8e Journée René Nelli Bouisse Samedi 25 juin


Chroniques nelliennes 3. Lorsque le génie poétique de René Nelli enjambait les Monts d’Olmes, par Franc Bardou.

9 janvier 2012

Lorsque le génie poétique de René NELLI enjambait les Monts d’Olmes.

René Nelli et jacques Charpentier dans les ruines du château de Montaillou (1971). © Jacques Charpentier.

Dernier tenant du nom d’une famille de lointaine origine florentine, René NELLI est né à Carcassonne en 1906. C’est de la même cité audoise qu’il quittera ce monde en 1982. Entre ces deux dates, les études l’auront quelque peu rapproché de Paris, pour une courte année, puis de Toulouse où, sur le tard, il sera chargé d’enseigner, une demi journée par semaine, à l’université de Lettres. Le reste du temps, il était professeur de philosophie dans un lycée de Carcassonne. Toute sa vie intellectuelle s’établira donc dans sa cité natale. Mais pourquoi, demanderez-vous, associer dans ce cas son nom à la belle et secrète terre d’Ariège, et plus exactement aux Monts d’Olmes ? Il faut, pour répondre à cela, considérer plusieurs aspects de son œuvre.

Il se trouve que NELLI fut un éminent chercheur en Littérature Occitane, et qu’il œuvra durant de longues années à la découverte de la voie d’amour pur qu’avaient établie et mise en rimes sublimes les justement illustres troubadours des XIIe et XIIIe siècles, une « voie d’amour pur » qu’ils n’avaient pour autant jamais eux mêmes théorisée ni commentée. Ne se limitant pas à domaine-là d’études et de réflexions, NELLI se fit donc érotologue, étudiant l’évolution de l’idée d’amour depuis les troubadours occitans jusque à ses amis et compagnons d’œuvre, les Surréalistes. Certes, il étudia également les arts et traditions populaires, communément nommées « folklore », et dirigea la savante revue du même nom pendant un demi-siècle.

René NELLI, avec Jean DUVERNOY, Michel ROQUEBERT et Anne BRENON, fut l’un des quatre fondateurs des études cathares, modernes et rigoureuses, permettant de débarrasser ce phénomène spirituel médiéval, alors mal connu, de tout un amoncellement de légendes et d’absurdités se voulant ésotériques. NELLI œuvra à la fondation du Centre d’Etudes Cathares dans l’Aude.

Médiéviste des Lettres occitanes et des courants spirituels dissidents, érotologue, ethnologue, archéologue même, à ses heures, philosophe, penseur et acteur de la renaissance littéraire occitane du XXe siècle, bien sûr, NELLI fut tout cela à la fois, et il le fut brillamment. Ses principales productions savantes sont L’érotique des Troubadours, suivi de Le roman de Flamenca, un art d’aimer occitanien au XIIIe siècle, pour ce qui est de l’histoire  littéraire d’oc ; Ecritures cathares, ainsi que La philosophie du catharisme, comptent parmi les références historiographiques les plus importantes sur ce sujet, même si NELLI est surtout connu pour son petit traité La vie quotidienne des cathares du Languedoc au XIIIe siècle.

Montségur. Dessin original de Max Savy. Livre d'or du château de Bouisse. © Philippe Ramon.

Mais nous passerions complètement à côté de lui sans voir l’essentiel si nous ne nous rendions pas compte de ce qu’il fut par dessus tout : poète, et ce, dans deux langues à la fois, l’occitan et le français. NELLI, aux côtés de Max ROUQUETA, Marcèla DELPASTRE, Miquèu de CAMELAT, Bernat MANCIET, Sully A. PEIRE, marqua durablement l’histoire littéraire des pays d’Oc au XXe siècle. Or c’est en référence aux deux sites «évoqués plus haut, sites liés au drame cathare ariégeois que NELLI établit les plus formidables de ses œuvres poétiques. Ces deux œuvres, que nous évoquons ici, se dressent au cœur palpitant de ce grand courant d’excellence littéraire qui réorienta vers les hauteurs de la modernité universelle la langue encore vivante des troubadours médiévaux et des courageux félibres.

Or il se trouve que deux hauts lieux de la mémoire collective occitane rattachent l’œuvre poétique occitane de NELLI aux Monts d’Olmes.

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