
A voir sur le nouveau blog de Gauthier Langlois, un intéressant article, abondamment illustré, sur le catharisme dans la bande dessinée:
http://paratge.wordpress.com/2012/09/08/le-catharisme-dans-la-bande-dessinee/.

A voir sur le nouveau blog de Gauthier Langlois, un intéressant article, abondamment illustré, sur le catharisme dans la bande dessinée:
http://paratge.wordpress.com/2012/09/08/le-catharisme-dans-la-bande-dessinee/.

Le magazine L’express de cette semaine (n° 3188, semaine du 8 au 14 août, p. 72-83) propose un excellent dossier sur les cathares et les châteaux du Pays cathare.
A lire sous la plume très agréable de la journaliste Julie Chaizemartin un bel article sur le châteaux du Pays cathare et des éclairages particuliers sur les sites de Carcassonne, Lastours, Arque, Serres, Roquefort, Puivert ou Montségur.
On retrouve dans ce dossier les interventions de nombreux spécialistes ou propriétaires de sites : Michel Roquebert, Anne Brenon, Gauthier Langlois et Charles Peytavie ; Fabrice Chambon, guide de Montségur ; Jean-Louis Gasc, guide au château comtal de Carcassonne ; Arnaud Mignard, propriétaire du château de Puivert ; Michèle Deschamps, propriétaire du château de Serres ; Pierre Clément, propriétaire du château de Roquefort.
La Dépêche du Midi datée du 10 juillet 2012 publie ce matin un entretien réalisé avec Michel Roquebert à propos de l’histoire cathare de Montségur. A découvrir ici sur le site du journal.
Parmi les invités de la 4e journée René Nelli organisée au château de Bouisse le samedi 23 juin prochain, l’AEC a l’honneur de recevoir cette année l’historien italien Francesco Zambon, professeur de philologie à l’Université de Trente, spécialiste des troubadours et des sources cathares, et le photographe Patrick Courault.
En octobre 2009, les deux hommes se rencontraient pour la première fois en Italie. Venu réaliser un reportage photographique sur les cathares, Patrick Courault réalisait un entretien resté inédit du spécialiste italien qui aurait dû être publié début 2010 dans le n°11 du magazine Histoire du catharisme édité alors par le Centre d’Etudes Cathares. A l’occasion de leur venue à Bouisse, il nous a semblé intéressant de vous proposer la transcription de cet entretien qui présente un état des lieux de la recherche sur le catharisme en Italie.
Existe-t-il encore une recherche sur le catharisme en Italie ?
F. Zambon: Je pense que nous sommes dans une époque qui bouge par rapport à la période précédente, où ceux qui s’intéressaient au catharisme en Italie étaient des Allemands, des Français, dont le père Antoine Dondaine qui a découvert, à Florence, des textes fondamentaux sur le catharisme. Les progrès de ces dernières années sont considérables. On peut citer les études du chercheur Raoul Manselli dont nous sommes redevables du seul ouvrage général sur le catharisme en Italie, mais aussi d’autres comme, Grado Giovanni Merlo, Gabriele Zanella, Lorenzo Paolini, Enrico Riparelli…
Port de Desenzano (Italie). © Patrick Courault. Cette cité fut au début du XIIIe siècle le siège d’un évêché cathare italien et le lieu de résidence du théologien cathare Jean de Lugio, auteur du Livre des Deux Principes.
Depuis le début des années 1990 de jeunes chercheurs, souvent des femmes d’ailleurs, sous la direction d’historiens, ont aussi publié sur les sources italiennes. Tout n’est pas défriché. Par exemple, on m’a montré des procès verbaux de l’Inquisition se trouvant à la bibliothèque de Mantoue. Certains documents peuvent être parfois très intéressants, car ils permettent de reconstituer toute la vie, toute l’histoire d’hérétiques comme Armanno Pungilupo. Ils pouvaient être considérés par les gens et même par les autorités ecclésiastiques comme des saints, et lorsque l’on découvrait qu’ils étaient cathares, leurs dépouilles étaient déterrées et leurs os brûlés.
Existe-t-il des rapports difficiles entre l’Eglise romaine et l’histoire du catharisme en Italie ? Les chercheurs sont-ils critiqués ?
F. Zambon: Malheureusement oui ! Malgré le fameux discours du Pape Jean-Paul II qui avait demandé pardon pour les crimes commis par l’Eglise durant son histoire et notamment par l’Inquisition, on trouve, en son sein, des tendances que je définirais comme intégristes. J’ai eu une polémique publiée dans les journaux « Corriere Della Sera » et « la Répubblica » car un des plus importants écrivains catholiques, Vittorio Messori, biographe de Jean-Paul II. Il avait écrit un article à l’occasion de l’anniversaire de la prise de Béziers. Il communiquait sur l’intention de fonder une association catholique anti calomnie qui considèrerait que tous les historiens soutenant que les cathares ont été massacrés par l’église, ne sont que des calomniateurs et qu’il faut rétablir la vérité. Il citait tout un ensemble de pseudo informations sur le catharisme, parfois tirées de sources médiévales, et parfois inventées, et qui lui servait pour présenter le catharisme comme une religion, de violents, d’intolérants, qui ont créé des problèmes, alors que c’est tout le contraire. C’était un article tellement incompréhensible, plein de contre vérité, d’ignorance et par conséquent de déformation de la vérité historique.
Les arènes de Vérone (Italie). © Patrick Courault. 166 Bons hommes et Bonnes femmes du Midi de la France arrêtés à Sirmione y sont brûlés le 13 février 1278.
(…) L’intérêt historique objectif pour le catharisme est récent en Italie. Il y a toujours eu, de la part de l’Eglise, une résistance à ce développement. Et d’autre part, les traces matérielles du catharisme en Italie, même si il a connu un développement aussi important que celui du sud ouest de la France, sont très rares et peu significatives. Donc il n’y a pas eu de légendes, de traditions, de romans qui auraient pu nourrir l’histoire des cathares dans la conscience populaire ou collective. Cela a toujours été un petit chapitre de l’histoire de l’Eglise dont se sont occupés surtout les historiens catholiques et c’est seulement depuis vingt ans que des non catholiques, des historiens, des historiens des religions, commencent à s’intéresser à ce phénomène en soit, indépendamment de l’Eglise.
Parle-t-on des cathares dans les livres d’histoire en Italie ?
F. Zambon : Très peu. En France il y a eu la croisade albigeoise, c’est un fait historique important pour l’histoire de la France et pour l’Europe en général. C’est par ce biais que l’on connaît, plus qu’en Italie, le mot cathares ou albigeois. Les historiens du XIXème siècle, en France, ont fait des ouvrages littéraires sur la croisade, mais en Italie il n’y a rien eu de tout cela. Tout est resté un chapitre secondaire dans l’histoire de l’Eglise.
Francesco Zambon
Francesco Zambon est professeur de philologie et de linguistique romane à l’université de Trente. Depuis 2006, il est membre du conseil d’administration de cette université. Ces principales recherches portent sur le « Livre du Graal » de Robert de Boron et le cycle romanesque du graal, les traités et les rituels cathares, la poésie et les chansons des troubadours et la mystique médiévale. Il a longtemps été correspondant italien de la revue Heresis publiée par le Centre d’Etudes Cathares. Parmi ses nombreux travaux sur le catharisme ou la croisade albigeoise, citons sans être exhaustif :
«L’évêque Foulque dans la « Chanson de la Croisade albigeoise »», dans 1209-1309. Un siècle intense au pied des Pyrénées, sous la direction de Claudine Pailhès, Castanet-Tolosan: Conseil Général de l’Ariège – Archives Départementales, 2010, p. 181-194
«L’interprétation cathare des paraboles évangéliques: les deux arbres, la brebis et la drachme perdues», dans 1209-2009. Cathares: une histoire à pacifier?, sous la direction d’Anne Brenon, Portet-sur-Garonne: Loubatières, 2010, p. 155-169
«Guénon e la leggenda del Graal» dans Esoterismo e religione nel pensiero di René Guénon, A. Iacovella (a cura di), Carmagnola (Torino): Arktos, 2009, p. 41-56
«Le mythe du Graal chez Jean Cocteau et Julien Gracq» dans La mythologie de l’antiquité à la modernité. Appropriation-adaptation-détournement, Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 371-382
«I catari e il potere» dans Gli arconti di questo mondo. Gnosi: politica e diritto, Bonvecchio, T. Tonchia (a cura di), Trieste: Università di Trieste, 2000, p. 147-160
«Le catharisme et les mythes du Graal», dans Catharisme: l’édifice imaginaire, Carcassonne: Centre d’Etudes Cathares, 1998, p. 215-243Paratge. Els trobadors i la croada contra els càtars, Barcelona: Columna, 1998
La cena segreta. Trattati e rituali catari, Milano: Adelphi, 1997, 472 p
«La notion de Paratge des troubadours à la ‘Chanson de la Croisade albigeoise’», dans Les voies de l’hérésie. Le groupe aristocratique en Languedoc, Carcassonne: Centre d’Etudes Cathares, coll. Heresis, 1995, vol. III, p. 9-27
Retrouvez toutes les publications de Francesco Zambon sur sa page de présentation sur le site de l’université de Trente : http://www.unitn.it/dsllf/8390/francesco-zambon

Patrick Courault. © Jacques Jany.
Patrick Courault est photographe. Normand au passé de marin, il s’est d’abord spécialisé dans la photographie aérienne des rivages et plus particulièrement ceux des côtes de Normandie entre le Tréport et le Mont Saint-Michel. Sa recherche permanente des lumières, a séduit, et lui a valu de publier douze livres préfacés par l’historienne Régine Pernoud, l’écrivain Didier Decoin de l’Académie Goncourt ou l’écrivain Frédéric Lasaygues. Depuis l’an 2000, il étend sa zone de travail au Grand Ouest ainsi qu’à l’Europe, notamment les Balkans et le Midi de la France sur les traces des bogomiles et des cathares.
Retrouvez les photographies et les livres de Patrick Courault sur son site internet : http://www.courault.org/nc.html

Entrée de la maison de l'Inquisition. © Charles Peytavie
Après la visite des vestiges de l’ancien Château Narbonnais, les adhérents de l’AEC présents à Toulouse le 10 mars dernier, on put découvrir d’autres lieux chargés d’histoire autour de la place du Salin à commencer par la maison de l’Inquisition.
Cette maison était à l’origine la propriété de la famille Seilan. Son nom vient probablement de la localité de Seilh (Haute-Garonne). Au XIIe siècle, les Seilan sont des hommes du comte de Toulouse. Bernard Seilan et Guillaume Seilan sont viguiers du prince toulousain dans la cité mais la famille ne semble pas faire partie de l’oligarchie locale dans laquelle se recrutent à la fin du siècle les consuls de la cité. En 1188, un certain Pierre Seilh au service du comte Raymond V est capturé par les hommes de Richard Coeur de Lion, lequel ne ménage pas sa peine pour le faire libérer. S’agit-il déjà du futur compagnon de Dominique Guzman et futur inquisiteur de Toulouse? Difficile à dire. En 1235, le comte Raymond VII de Toulouse parlant de l’inquisiteur dit qu’il avait été « de la cour de ses pères ». Mais cela ne lève pas le doute. Il faut attendre un acte de 1207 pour être sûr d’être en présence de celui qui allait abandonner son patrimoine au futur saint Dominique.
Dès que celui-ci s’installe dans Toulouse réconciliée en 1215, son projet religieux s’appuie sur l’aide de Pierre Seilan. Entre le 7 avril 1214 et le 25 avril 1215, celui-ci abandonne le service du comte vaincu par l’Eglise pour rejoindre la mission de prédication que Dominique entend mettre sur pied dans la cité toulousaine. Au début du XIVe siècle, le dominicain Bernard Gui rapportait que Pierre Seilan aimait à dire que » ce n’était pas l’Ordre dominicain qui l’avait reçu mais lui qui avait reçu l’Ordre dans ses maisons à lui« . Lorsqu’en 1216, les compagnons de Dominique quittent la maison de Pierre Seilan près du Château Narbonnais pour l’église de Saint-Rome, ils conservent en leur possession leur premier lieu de séjour toulousain. En 1233, elle devient le siège de l’inquisition toulousaine et y demeure jusqu’en 1575, date à laquelle le tribunal inquisitorial est transféré aux Jacobins.

Une partie du groupe de l'AEC s'apprête à visiter la maison de l'Inquisition. © J.-Cl. Peytavie.
L’ancienne maison dominicaine est alors transformé en vicariat observant chargé de l’apostolat dans le quartier. Mais les bâtiments se délabrent. En 1627, renonçant à les restaurer, les Dominicains toulousains entreprennent la restauration complète du lieu qui est désormais dénommé « couvent de l’Inquisition« . En 1648, on démolit ainsi l’Audience ou Salle des Jugements du tribunal de l’Inquisition. A la place, on choisit de bâtir une grande chapelle rectangulaire dont le mur sud se confond avec le rempart romain de la ville et la tour saint-Dominique en partie conservée. Cette chapelle du XVIIe siècle est devenue aujourd’hui l’auditorium Bruno de Solages de la faculté de théologie. Le magnifique plafond peint racontant la vie de saint Dominique est l’oeuvre du frère Balthasar-Thomas Montcornet (1630-1716).

Le plafond peint de la chapelle de la maison de l'Inquisition. XVIIe siècle. © Franc Bardou.
En 1771, le chapitre nationale des Dominicains décident de supprimer le vicariat, cédant aux instances de l’archevêque de Toulouse Loménie de Brienne (1763-1788) qui trouvait son nom de couvent de l’Inquisition « trop odieux dans un siècle aussi éclairé et sous un monarque aussi juste« . La maison devient alors la propriété de deux épiciers de Toulouse, les frères Combes qui l’utilisent comme dépôts. Il faut attendre 1821 pour qu’une nouvelle communauté religieuse s’installe dans les murs, à savoir des Trappistes catalans venus de Perpignan. Ils sont remplacés dès l’année suivante par des prêtres des Missions de France ou Missionnaires de France, puis en 1832 par les Jésuites. Viennent ensuite en 1860 les religieuses de Marie-Réparatrices obligées de quitter les lieux en 1901 avant d’y revenir en 1932. En 1989, les soeurs vendent l’aile orientale de la maison et l’ancienne chapelle du XVIIe siècle à l’Institut catholique de Toulouse qui y transfère sa Faculté de théologie. L’année suivante, les Dominicains rachètent le reste de l’ancienne maison Seilan; ils l’ouvrent au public à l’automne 1993.
On peut y voir la chambre dite de « saint Dominique », des souvenirs du Père Lacordaire, restaurateur de l’Ordre en France au XIXe siècle et six panneaux peints du XVIIIe siècle racontant la vie de Dominique longtemps attribués à tort semble-t-il à Balthasar Montcornet.